Bonjour cher lecteur,
Le sujet qui sera abordé aujourd’hui vous concerne sans doute si vous êtes producteur de soya.
Vous avez sûrement déjà observé des plants flétris dans un secteur plus humide, qui finissent par se dessécher et mourir. Cette pourriture des tiges et des racines est possiblement causée par Phytophthora sojae, un oomycète capable d’infecter les plants de soya à n’importe quel stade de leur développement. Cette maladie cause entre autres la fonte des semis, et plus tard en saison, un volume racinaire réduit, moins de nodules, des pertes de rendement et souvent la mort du plant infecté.
Le cycle de la maladie est le suivant : le champignon survit sous forme de spores, dans le sol et les débris végétaux. Si le sol se sature d'eau le printemps suivant, les spores latentes relâchent des zoospores attirées par l’exsudat des racines de plants sains. Les zoospores nagent jusqu'à celles-ci et pénètrent directement dans le cortex racinaire, colonisent ensuite le plant en entier et forment du chancre sur la surface de la tige et des racines. Les tissus infectés qui demeurent au champ recommencent le cycle.
Les traitements de semences sont très efficaces en début de saison pour lutter contre cette maladie. Entre autres, le nouveau traitement de semences Vayantis® de Syngenta, protège le soya contre une vaste gamme de maladies qui attaquent les semences et les plantules en début de saison. Puisque cette protection est de courte durée (environ un mois), le choix du cultivar a une grande importance sur l’incidence de la maladie. En effet, il existe plusieurs variétés de soya qui possèdent des gènes de résistance (gène Rps = résistance à P. sojae) conférant une résistance complète des plants à la pourriture phytophthoréenne. Encore faut-il choisir judicieusement la variété possédant les gènes Rps qui correspondent aux profils de virulence des souches de P. sojae présents...
En 2021, le semencier NK m’a permis, lors d’un projet pilote avec AYOS technologies, de soumettre des échantillons de plants et de sol affectés par la maladie. AYOS effectue un test diagnostique qui utilise des marqueurs génétiques permettant d’identifier rapidement et précisément les différents variants de la maladie, ce qui m’a révélé quels gènes Rps seraient efficaces contre le type de Phytophthora retrouvé dans un champ en particulier. Les résultats furent sans équivoque : je savais alors que je devais proposer une variété avec le gène 3a ou 1k à mes clients.
Les gens de AYOS sont venus avec moi au champ en juillet, pour visiter les producteurs visés par le projet en 2021, et nos constats sont concluants : la variété que j’ai proposée aux producteurs, qui possède le gène 3a, ne semble pas affectée par la maladie.
Bien sûr, il y a plusieurs autres critères à considérer dans le choix d’un cultivar, comme le port du plant, la tolérance à la pourriture sclérotique, le potentiel de rendement, la maturité, la résistance aux herbicides etc…. Les rotations de cultures plus longues avant un retour en soya peuvent aussi aider à réduire la maladie, mais le Phytophthora reste plus de 10 ans dans le sol. L’idéal est donc d’agir sur le choix du cultivar dès qu’on remarque un secteur problématique. On peut aussi prévenir la maladie en évitant les accumulations d’eau de surface.
En conclusion, nous avons maintenant à notre disposition un nouvel outil qui pourrait éviter des pertes de rendement de 200$ par hectare en moyenne chaque année au Québec. Parlez-en à votre conseiller Agrocentre pour un diagnostic et une recommandation personnalisés à ce qui se trouve dans vos sols !
Références : Guide des semences NK 2022 et https://ayostechnologies.com/