L’introduction depuis quelques années du seigle hybride au Québec a complètement bouleversé la popularité de cette culture de rotation comparativement à son homologue, le seigle conventionnel. Effectivement, l’hybridation de cette plante l'a fait passer de culture peu profitable, à l’une des plus rentables pour les producteurs du sud de la province. D’un point de vue agronomique, le seigle hybride présente plusieurs avantages par rapport au seigle à pollinisation dite « libre » ou « ouverte ». Premièrement, les rendements sont de 25% à 30% plus élevés et ce, peu importe les conditions de croissance. Les récoltes 2021 ont été très surprenantes avec des rendements moyens de 7 à 9 tonnes par hectare, et beaucoup, beaucoup de paille !!! Ensuite, il est plus court (10 à 15 centimètres) ce qui lui confère une meilleure résistance à la verse. Il mûrit plus uniformément, et est également moins sensible à l’ergot, une maladie limitant le développement de la culture vu la diminution de rendement qu'elle entraîne. Le seigle hybride a aussi une excellente rusticité (meilleure que le blé d’automne) et un départ canon au printemps. Un autre point en faveur de l’hybride est sa résistance au stress, spécialement dans les sols plus difficiles où un stress hydrique peut survenir. Dans certains cas, le rendement peut alors être jusqu’à 40% supérieur au seigle conventionnel.
L’avantage le plus considérable est sans aucun doute au niveau de la commercialisation de la récolte. Les hybrides représentent des opportunités intéressantes pour les utilisateurs, car l’indice de chute est souvent de 80 à 100 points plus élevé que les variétés à pollinisation libre, ce qui apporte des bénéfices substantiels pour l’alimentation animale, humaine ou encore pour la transformation. Certains meuniers substituent même le blé par le seigle hybride dans les moulées, et les prix sont normalement assez intéressants (80%-90% du prix du blé fourrager).
Du point de vue agronomique, c’est un incontournable. La récolte hâtive, qui survient vers la fin juillet, début août, permet de répartir les travaux aux champs, laisse le temps d’effectuer des améliorations de nivelage ou de drainage et permet l’application des engrais organiques dans des conditions optimales. Cela permet également l’implantation d’un engrais vert ou même d’une seconde culture comme de l'avoine et/ou du pois pour une récolte de fourrages. Finalement, ayant un système racinaire imposant, le seigle hybride convient à tous les types de sol et offre une solide protection contre l’érosion tout en améliorant la structure pour les années subséquentes.
Bref, le seigle hybride changera certainement l’opinion qu’ont les producteurs face à cette culture « mal-aimée », et sa rentabilité sur la ferme ; non seulement comme culture de rotation, mais possiblement même comme culture principale !