Quand agriculture rime avec jonglerie : retour sur le printemps 2019

D’entrée de jeu je vous pose la question suivante : savez-vous jongler ? Si vous êtes en train de lire cet article, c’est que vous travaillez probablement en agriculture ou que vous avez un certain intérêt… Alors, la réponse est tout simplement oui, surtout cette année, avec son lot de décisions et d’actions à prendre sous la pression en tenant compte des courtes périodes de travail que le printemps a imposées. C’est bien connu que le métier d’agriculteur n’est pas toujours facile, entre autres parce que nous sommes tributaires de dame nature. Il faut se l’avouer, cette année a été particulièrement difficile. Les plus expérimentés en agriculture vous diront que c’est en 1983 qu’ils ont vécu une saison similaire les obligeant à terminer les semis vers la fin juin tellement la météo ne voulait pas collaborer. Nous avons connu un printemps en montagnes russes, néfaste sur l’humeur des gens gravitant en agriculture, d’autant plus que la rigueur de l’hiver a eu raison de plusieurs champs de prairies ou de céréales d’automne, et que les semis retardés entraînent toujours des stress financiers

 

L’ampleur des dommages

Dès la mi-avril, on constatait un peu partout au Québec que les champs de blé d’automne n’avaient pas survécu aux températures hivernales drastiques, nous obligeant à semer une nouvelle culture ce printemps ; un premier imprévu sur le calendrier de travail. Peu de temps après, ce fût la désolation de constater que plusieurs prairies (qu’elles soient nouvelles ou plus âgées) n’avaient pas, non plus, résisté aux intempéries de notre hiver québécois 2019. Et là, les dommages étaient considérables. Plusieurs régions ont subi des pertes majeures sur de très grandes superficies. Il fallait vite trouver un plan B et parfois C car les fourragères se faisaient rares tellement la demande était forte et les producteurs devaient trouver une solution de remplacement pour nourrir les animaux au cours des mois suivants. Une situation peu de fois rencontrée au cours des dernières décennies, par l’étendue des dommages, et surtout, par les dépenses semencières relativement substantielles, imprévues au budget 2019 des entreprises agricoles.

 

La course contre la montre

À travers tout cela s’ajoutaient les précipitations abondantes et constantes ne laissant pas l’occasion aux champs de sécher convenablement pour permettre un travail de sol adéquat et la préparation d’un beau lit de semences. Nous avons passé pratiquement tout le mois de mai à regarder la pluie tomber et préparer de nouveaux programmes de cultures en se demandant comment tirer le maximum de rentabilité pour l’automne. Mais vers quelle culture se tourner ? Fallait-il semer du soya plus hâtif ? Il pleuvait sans cesse, diminuant ainsi la période de temps nécessaire pour atteindre la maturité. Jusqu’à quelle date est-il rentable de semer des céréales ? Quand fallait-il changer les unités thermiques des hybrides de maïs ? Que dire des applications de fumiers et lisiers, il fallait tout de même des conditions propices pour les effectuer… Au final, malgré le fait que certaines régions du Québec ont beaucoup baissé les unités thermiques des hybrides semés, il n’en demeure pas moins que le maïs est demeuré la culture privilégiée, vu les prix oscillant autour de 250$/tm cet été. Les faibles prix pour le soya (autour de 450$/tm pour du soya OGM) ont eux aussi renforcé le choix de plusieurs de semer du maïs ou d’opter pour du soya IP, dont le prix était bien meilleur. Mais il fallait, encore une fois, trouver toute cette nouvelle semence ,imprévue dans le plan de travail initial…

Les jours, puis les semaines ont passé, jusqu’au cœur des semis, retardés et déphasés vers la fin mai. Sans analyse exhaustive, voici quelques chiffres comparatifs entre 2017 et 2019. Pour vous rafraîchir la mémoire, l’année 2017 fut très pluvieuse au cours des deux premières semaines de mai pour devenir parfaite pour les travaux, ensuite. Malgré tout, ce printemps a ressemblé davantage à ce que nous avons connu cette année qu’à celui de 2018, qui fut exceptionnel. Selon les régions du Québec, nous avons cumulé entre 20 et 30% de plus de précipitations jusqu’à maintenant en 2019 vs 2017*. En espérant que l’automne 2019 sera moins pluvieux que celui de 2018, autrement, nous atteindrons des records de précipitations. Du côté des unités thermiques cumulées jusqu’à présent, la différence entre 2017 et 2019 est minime* : nous sommes donc sur la bonne voie, mais souhaitons un bel automne pour s’aider encore davantage.

 

L’état des cultures

Lors des semis, plusieurs ont contourné des espaces de champs ou ont enlisé de la machinerie ne suspectant pas que c’était plus frais à certains endroits. D’autres ont tout simplement opté pour le programme d’aide pour abandon de terres de La Financière Agricole. Les régions plus affectées par la pluie se situent dans la grande Montérégie et l’Estrie. La Rive-Nord, le bas St-Laurent et l’est du Québec s’en sont tirées passablement bien. Étonnamment, la nature est forte et les cultures s’en sortent généralement bien, les champs sont beaux. Il y a évidemment eu des épisodes de maladies telle la fonte des semis, du pithium et du fusarium, surtout dans le maïs. Les insectes ne nous ont pas épargné non plus avec une bonne présence de la mouche des semis dans le soya principalement et le ver-gris noir dans le maïs, surtout aux endroits où de la végétation était présente avant les semis, tels que les prairies détruites au printemps, les semis directs et/ou travail minimum de sol et les cultures intercalaires. Au moment d’écrire ces lignes, les deux prochains insectes sous surveillance seront le ver- gris occidental du haricot qui peut causer d’importants dommages dans le maïs et le puceron du soya. Quels seront les impacts d’un printemps déphasé comme celui qu’on connaît sur le cycle de vie des insectes ?

 

La pression professionnelle

Est-ce que le niveau de stress diminue avec les années d’expérience ou apprend-on simplement à le gérer mieux ? Cet état est propre à chacun et nous faisons tout notre possible pour bien vivre avec les difficultés spécifiques à l’agriculture. Effectivement, être agriculteur apporte son lot de défis au quotidien et des variables incontrôlables, telle la température du début de la saison 2019, rendent des gens bien stressés. Alors, pour répondre à la question initiale de cet article : oui, vous savez tous jongler, car vous devez prendre des décisions rapidement pour le bien et la rentabilité de votre entreprise. Et si parfois, vous sentez que vos balles de jonglerie vous échappent, n’hésitez pas à en parler à un ami, un voisin, un représentant avec qui vous travaillez. Sachez qu’il existe des ressources pour vous aider, comme l’organisme au cœur des familles agricoles, qui fait un magnifique travail. Voici les coordonnées pour les joindre : téléphone 450-768-6995 ou acfa@acfareseaux.qc.ca. N’hésitez surtout pas à demander de l’aide, car nous voulons continuer à jongler avec vous encore plusieurs saisons.

* Ces informations datent de la mi-juillet, moment de la rédaction de cet article.


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