Les traitements de semences et la règlementation

La loi

En février dernier ont été rendues publiques, dans la gazette officielle du Québec, des modifications au Code de gestion des pesticides et au Règlement sur les permis et certificats pour la vente et l’utilisation des pesticides. 

Ces changements à la loi ont fait l’objet de plusieurs articles et de plusieurs discussions et certains d’entre vous avez expérimenté cet été les nouvelles exigences en lien avec l’achat et l’utilisation d’atrazine, qui nécessitent maintenant une prescription et une justification. Parmi les pesticides ciblés par la règlementation se retrouvent trois insecticides de la catégorie des néonicotinoïdes, notamment utilisés comme traitement de semences, qui représentent un risque potentiel pour les abeilles et autres insectes pollinisateurs. Ces néonics, enrobant les semences de certaines cultures, ont donc été regroupés au sein d’une nouvelle classe de pesticides, la classe 3A. Il est important de comprendre que seules les semences des cultures énumérées dans le tableau suivant, lorsqu’elles sont enrobées de l’un des trois néonics ciblés, deviennent un pesticide de classe 3A. Une semence de haricot traitée au thiaméthoxame, ou une semence de maïs grain traitée au chlorantraniliprole par exemple, ne font pas partie de la classe 3A, et ne sont toujours pas considérées comme un pesticide comme tel.

Les implications de cette modification sont les suivantes (en vigueur depuis le 8 septembre dernier) :

L’assujetissement de la nouvelle classe de pesticides au régime de permis et certificat. C’est donc dire que pour vendre une semence enrobée qui entre dans la classe 3A, un permis de vente au détail sera nécessaire. De même, pour l’achat de cette même semence, un producteur doit avoir un permis ou certificat lui permettant d’en faire usage.

Comme elles sont maintenant considérées comme un pesticides, la mise en terre de ces semences doit se faire en respectant les zones de retrait de 1 mètre des fossés, 3 mètres des cours d’eau et 30 mètres des puits. De plus, elles doivent être entreposées de façon à ce que ni le contenant, ni le contenu ne puissent être altérés, ni causer de contamination dans l’environnement.

Une justification agronomique est nécessaire pour l’utilisation d’une semence inclue dans la classe 3A, et une prescription pour en faire l’achat.

Finalement, le producteur doit tenir un registre de l’utilisation de ces semences, comme il doit le faire pour tous les autres pesticides appliqués sur la ferme.

 

Les nuances

Les néonicotinoïdes sont donc une famille d’insecticides pouvant être appliqués sur les semences lors de l’ensachage pour les protéger contre les insectes ravageurs du sol une fois mises en terre. Ils ont fait leur apparition en agriculture il y a moins de 20 ans, pour remplacer les poudres insecticides utilisées par le passé en Amérique du Nord. 

Dans le rayon des traitements de semences, il existe aussi des traitements fongicides, appliqués sur les semences également, mais qui sont utilisés pour lutter contre les maladies de début de saison, et non contre les insectes. Les traitements fongicides ne sont pas visés par la règlementation. Les traitements de pré-inoculation dans le soya ne sont pas touchés non plus par les nouvelles exigences. Afin d’aider à la compréhension, voici les noms commerciaux et un sommaire rapide des principaux traitements pour s’y retrouver.

 

Les avancées technologiques

Heureusement, de nouveaux produits ont fait leur apparition sur le marché en 2018 et d’autres verront le jour pour les semis de 2019, qui présentent des indices de risque moins élevés pour la santé et l’environnement et qui sont moins nocifs que les néonics pour les insectes pollinisateurs. Par le fait même, il n’est pas nécessaire d’obtenir une prescription pour se procurer ces nouveaux produits, qui ne font pas partie de la classe 3A. Les semences de maïs et soya disponibles pour la saison 2019 seront traitées principalement avec du Lumivia, du Lumiderm ou du Fortenza, qui offrent un contrôle similaire au Cruiser sur les insectes. Parmi les principaux ravageurs des semis dans le maïs on retrouve : les vers fil-de-fer, les vers blancs, les larves de la mouche des semis et les vers gris-noir. 

Alors pouvons-nous utiliser un fongicide seul comme traitement de semence ? Il est possible de le faire car les différents semenciers offrent cette option mais plusieurs recherches démontrent un avantage de gain de rendement de l’ordre de +210 kg/ha en combinaison avec un insecticide sur la semence. Avec le prix des terres et le prix de la semence, l’option double protection (fongicide + insecticide) demeure possiblement le choix le plus rentable sous certaines conditions pour optimiser le plein potentiel de rendement de la génétique choisie. Il est important d’évaluer l’historique des champs au niveau de la présence de certains insectes, et la présence de conditions favorables à leur développement (type de sol, précédent cultural, résidus de culture en surface, cultures voisines, localisation géographique, etc.) pour prendre la meilleure décision.

 

Insecte sous surveillance

La chrysomèle du haricot suscite de plus en plus notre attention car elle peut créer des dommages considérables dans les champs de soya. On en voyait un peu ces dernières années au Québec, mais en 2018, une présence accrue de la chrysomèle du haricot a été rapportée en Montérégie. C’est un insecte qui ne produit qu’une génération par année sous nos conditions. Les adultes passent l’hiver dans les bordures enherbées des champs, sous les tas de feuilles mortes, puis réapparaissent vers la fin d’avril (quand la température oscille entre 10 et 13 °C). À compter de ce moment et jusqu’à ce qu’il meurt vers la fin de juin, l’insecte se nourrit de plantules de soya et de fourragère. À la fin de juin, les femelles pondent leurs œufs dans le sol, qui prendront de 5 à 6 semaines pour éclore, compléter les 3 stades de développement larvaire, la pupaison, et finalement émerger sous forme d’adultes qui pourront à nouveau s’attaquer au soya en se nourrissant de ses feuilles. Le nouvel insecticide en traitement de semences Lumiderm, de Corteva Agriscience, sera disponible dès la saison 2019 et aidera grandement à contrôler la génération hivernante de cet insecte, ainsi que le puceron du soya. 

Si vous avez besoin de conseils pour faire le meilleur choix ou des questions sur les exigences de la nouvelle réglementation, n’hésitez pas à contacter votre représentant(e) Agrocentre.

 


L’importance de collaborer aux parcelles de variétés

Certains aiment en faire, d’autres non... assurément, le projet d’implanter une parcelle de variétés ne fait pas


La récolte s’en vient, avez-vous pensé à vendre un peu de grains ?

Malgré des saisons en dents de scie, depuis trois ans, les rendements ont généralement été au rendez-vous au Québec.


Démarreurs liquides : les précautions à prendre

Lorsque l’on parle de démarreur liquide, il faut distinguer deux types de placement. Le premier est le fameux pop-up


Les bienfaits des engrais verts

Les cultures intercalaires et les cultures couvre-sol augmentent la diversité du système cultural et améliorent


Virage numérique : AgConnexion, pour des décisions plus rentables

Dans le cadre de son virage numérique, La Coop fédérée lance AgConnexion, qui est une plateforme intégrée pour


En amélioration continue

Saviez-vous que le programme de recherche Zone Performance fête ses vingt ans cette année ? Que de progrès réalisés


L’agriculture de précision 2.0 ANALYSE + BIG DATA

Nous avons parlé du big data ces dernières années tout en cherchant à en définir les avantages pour l’agriculteur.


De la performance du laboratoire jusqu’au champ

L’année 2019 sera assurément remplie de défis et nous continuons nos efforts pour mettre en marché des variétés aux


Coup d’oeil sur les céréales d’automne !

Les avantages d’inclure les céréales d’automne aux rotations ne sont plus à démontrer ; répartition des travaux aux


De nouveaux outils pour vous aider à relever vos défis de production

Pensez à la culture de soya qui vous a donné le rendement le plus élevé jusqu’ici. Peut-être que les pressions liées aux


Chanvre industriel

Lorsque l’on évoque le chanvre par les temps qui courent, c’est surtout au cannabis récréatif ou médicinal que l’on