Intéressés à introduire une autre culture dans votre rotation maïs-soya ? Pourquoi ne pas essayer le blé d’automne ? Le blé d’automne offre de nombreux avantages : un rendement élevé pouvant aller jusqu’à 25% de plus qu’un blé de printemps, un développement hâtif qui offre une compétition aux mauvaises herbes, une meilleure résistance à la fusariose que le blé de printemps, une couverture de sol complète à l’automne et à l’hiver, la possibilité d’introduire une culture intercalaire tôt au printemps, une meilleure répartition des travaux sur la ferme et du temps pour effectuer les travaux de drainage et de nivellement.
Survie à l’hiver
De mauvaises expériences de survie à l’hiver sont souvent un argument de poids amené par les producteurs pour ne pas considérer la culture du blé d’automne. Bien que la température létale pour le blé d’automne se situe autour de -20°C, c’est souvent l’accumulation d’eau durant l’automne et l’hiver qui va induire des conditions d’hypoxie (manque d’oxygène) causant la mort des plants. Il est donc primordial d’implanter cette culture sur un champ ayant un égouttement de surface et un drainage optimal. L’implantation aux 30 pouces de micros brise vents de lin peut aider grandement à l’accumulation de la neige durant l’hiver et la protection contre les grands froids, mais ne remplacera pas l’effet d’un champ bien drainé et bien nivelé.
La bonne date de semis à l’automne va aussi permettre aux plantules de s’acclimater au froid sans avoir un feuillage trop abondant. Il semble que la période entre le début et la mi-septembre permette d’obtenir les meilleurs rendements.
Taux de semis
Le taux de semis variera de 250 à 550 grains/m2 en fonction de la date. Une densité plus forte est nécessaire si on sème plus tard. Par contre, la perte de rendement associée à un semis tardif (jusqu’à 2 tm/ha) ne sera pas compensée par un taux de semis plus fort.
Fertilisation
Pour la production de blé d’automne, l’azote est un élément clé. Selon la variété, le précédent cultural et la série de sol, la quantité totale d’azote nécessaire peut varier entre 140 et 180 Kg/ha. L’apport d’azote doit être régulier tout au long des deux saisons et se répartit comme suit : environ 15% à l’implantation, 25% dès que la culture commence à montrer des signes de croissance au printemps et que l’on peut passer au champ, environ 45% entre le stade tallage et le premier nœud, et le dernier 15% juste avant la feuille étendard. La majorité des besoins en phosphore et en potasse sont comblés avant le semis. Selon les analyses de sol et de feuillage, du soufre est ajouté pour obtenir un ratio N/S d’environ 10-12/1. Les niveaux des autres éléments mineurs dont le zinc, le bore, le manganèse et le cuivre sont aussi vérifiés.
Une analyse foliaire est prise à l’automne précédent, au tallage et au stade feuille étendard afin de vérifier le niveau d’éléments fertilisants dans la plante tout au long de la saison. Les carences sont corrigées à l’aide d’un engrais foliaire ou d’un engrais minéral à la volée.
Fongicide
Tout comme dans la production du blé de printemps et du maïs, le fongicide permet de protéger le potentiel de rendement. Il faut donc vérifier la santé des plants tout au long de la saison et appliquer au besoin les fongicides qui assureront leur protection. Un premier fongicide peut donc être appliqué entre le stade tallage et deuxième nœud, un deuxième est appliqué à la sortie de la feuille étendard afin de protéger la feuille qui est responsable d’une partie importante du rendement, et un dernier fongicide est appliqué afin de protéger les épis lorsqu’on est à environ 20% de sortie des étamines.
Comme pour le blé de printemps, il y a un grand bénéfice à tirer de l’intensification de la production du blé d’automne. Inspirés par des visites de fermes allemandes en 2016, nous avons intensifié la production du blé d’automne Harvard chez un de nos producteurs et obtenu des rendements de 8.26 t/ha sur une bonne partie du champ.
C’est donc dire que la culture du blé d’hiver offre de nombreux avantages, mais qu’il faut, comme pour les autres cultures, y mettre l’effort afin d’obtenir de bons résultats.