La question revient pratiquement à tous les ans : quel taux de semis devrait-on viser pour le soya ? Déterminer la bonne population est important pour limiter les coûts de production et maximiser la profitabilité de la culture. Si la population est trop élevée, il y aura compétition entre les plants, risque de verse et de présence de moisissure blanche. À l’inverse, une population trop basse retardera la couverture complète du sol et induira une perte potentielle de rendement. Un couvert végétal moins dense intercepte moins de lumière, donc moins d’énergie pour les plantes qui ultimement s'en servent pour produire des grains. Sans compter l'impact négatif des mauvaises herbes, qui profitent de l'espace disponible pour s'établir plus tard en saison.
La production de grains par plant de soya peut varier énormément sous diverses conditions pour une même variété. Bien que le soya soit une plante « plastique » qui adapte sa croissance à l'espace disponible, son développement est aussi fortement influencé par la génétique, les facteurs environnementaux et la régie de culture.
Le développement physiologique et la capacité à buissonner de chaque variété est le premier facteur à considérer lorsqu’on détermine la population visée. Les variétés avec un développement imposant et un port buissonnant s'adaptent bien à de plus faibles populations. À l’inverse, les variétés élancées, qui "branchent" peu, demandent un taux de semis plus élevé pour maximiser le rendement.
Les précipitations, l’ensoleillement, le type de sol et sa fertilité sont quelques facteurs environnementaux qui ont un impact sur le développement des plants et leur production. Bien que certains soient hors de notre contrôle, la fertilité et le type de sol des parcelles ensemencées sont des paramètres connus et devraient être pris en compte pour ajuster la population à semer. Par exemple, la population devrait varier entre un champ à haute vs faible fertilité. Chaque plant se développera davantage et produira plus dans un sol riche, ce qui permet de réduire le taux de semis. La texture du sol influence aussi le développement de la culture, qui sera différent selon que le sol est léger ou lourd, compacté ou non. Les champs qui ont une structure de sol déficiente profiteront habituellement d’une population plus élevée.
Finalement, la régie de culture doit également être considérée pour définir le taux de semis. Dans un système de travail minimum ou de semis direct, les résidus en surface ont un impact sur le positionnement des graines dans le lit de semence et la levée en est régulièrement affectée. Le développement végétatif des plants peut également être plus limité en semis direct par rapport au travail de sol conventionnel, ce qui pourrait se traduire par une plus faible production de grains par plant. Le risque de verse étant moins grand, l’augmentation du taux de semis peut pallier à ces difficultés et compenser l’effet négatif sur le rendement. L’équipement de semis utilisé, la présence de facteurs de risque favorables à différents ravageurs des semis, et l'utilisation ou non d'un traitement de semence sont d'autres facteurs qui ont un impact sur la qualité de la levée. Un planteur, par exemple ,permettra certainement une qualité de semis supérieure à celle d'un semoir à céréales lorsque les conditions ne sont pas optimales. L'assurance d'un semis bien réussi permet de réduire un peu les populations, mais si dès le départ, certaines conditions de régie réduisent l'établissement des plants, il faut le prévoir et augmenter le taux de semis en conséquence !
Le tableau suivant présente les populations à viser pour différents espacements de rangs, dans nos conditions de croissance. Ces populations doivent ensuite être ajustées en fonction de la variété semée, la fertilité, le type et la structure du sol ainsi que la régie de culture, tous des critères importants à considérer.
Parlez-en à votre conseiller(ère) Agrocentre, il (elle) pourra vous aider à déterminer la population optimale à viser !