Prix élevés, disponibilité réduite, des enjeux politiques, mais également climatiques, est-ce que la situation actuelle dans le marché des fertilisants ne serait pas en train de devenir la nouvelle réalité ?
En mars dernier, la UNE de l’Indice Orange titrait : « Pour y voir plus clair dans le marché des fertilisants ». L’article présentait entre autres les facteurs ayant mené à une tempête parfaite, une explosion du prix des engrais. Il faut se rendre à l’évidence que plusieurs de ces éléments déclencheurs font encore partie de l’équation : les tarifs sur les produits russes, le coût de l’énergie, les prix élevés des grains qui se maintiennent, l’inflation, des incidents climatiques qui perturbent les chaînes d’approvisionnement et le transport qui demeure cher.
Aujourd’hui, plusieurs s’entendent pour dire que l’enjeu majeur se situe au niveau de l’azote. Au cours des derniers mois, la production par les pays membres de l’Union européenne a été fortement réduite, plusieurs usines devant cesser la production lorsque le prix du gaz naturel est trop élevé, ou que la ressource n’est tout simplement pas disponible. Les inventaires de fertilisants azotés en Europe sont donc historiquement bas, et la marge de manœuvre très limitée, surtout si l’hiver est froid et que le prix du gaz naturel fluctue à nouveau à la hausse.
À cela s’ajoute la disponibilité limitée en provenance d’autres pays fournisseurs comme la Chine, et le fait que les produits russes ne nous sont toujours pas accessibles. Rappelons que 14% de l’urée sur le marché mondial, 23% de l’ammoniaque et 46% du nitrate d’ammonium proviennent de Russie. Être privés de cette source d'approvisionnement occasionne de grands défis !
Dans un tel contexte, que pouvez-vous faire pour limiter les impacts négatifs ?
Tout d’abord, plusieurs experts s’entendent pour dire qu’il est peu probable que les prix des fertilisants diminuent significativement d’ici le printemps. Attendre pour acheter pourrait donc impliquer plus de risques que de bénéfices potentiels. N’hésitez pas à communiquer vos besoins et vos intentions à votre détaillant : le Réseau Agrocentre s’assurera d’avoir des fertilisants en quantité suffisante, mais dans un marché aussi volatil, il faut, plus que jamais, travailler tous ensemble.
En connaissant vos coûts de production, vous pourriez aussi calculer quel est le prix minimal auquel vous devez vendre vos récoltes pour dégager un profit malgré le coût élevé de l’engrais, et fermer déjà des volumes pour 2023 lorsque les prix atteignent vos seuils.
Dans le même ordre d’idée, vous pourriez positionner les cultures moins énergivores dans les sols moins riches et garder les sols plus fertiles pour le maïs afin d'améliorer vos chances d'obtenir de bons rendements, donc plus de profits.
Finalement, toutes les stratégies qui permettent une utilisation optimale des fertilisants, en particulier de l’azote, sont à explorer. Profitez de la prochaine visite de votre conseiller Agrocentre pour discuter avec lui d’urée protégée, de fractionnement, de bactéries fixatrices ou de cultures de couverture !