Quelle est votre stratégie ?

Dire que les marchés des grains en 2022 ont été imprévisibles est un euphémisme. Il y a 15 ans, lorsque j'ai commencé à acheter des grains pour Agrocentre Farnham, une fluctuation du marché de 20 cents par jour était un phénomène rare, qui se produisait peut-être quelquefois par année. Aujourd'hui, ce genre de variation dans les prix se produit quotidiennement !! Le marché évoluant différemment, notre stratégie de vente ne devrait-elle pas changer, être plus sécuritaire ? 

Avec des marchés aussi volatils, je ne suis pas du tout à l'aise de vous dire quelle devrait être cette stratégie, et je ne pense pas que quiconque ait la réponse pour 2023. Face à tant d'incertitudes, tenons-nous en à ce que nous savons et à ce qui est évident. De la récolte 2021 à septembre 2022, le prix moyen du maïs ‘spot’ se situait autour de 360$/tm. Celui du soya était de 717$/tm, et celui du blé fourrager, 430$/tm. En comparaison, les prix actuels pour ces produits se situent autour de 340$/tm pour le maïs, 700$/tm pour le soya et 400$/tm pour le blé fourrager (prix en date de la mi-novembre au moment de la rédaction de cet article).

Bien que ce ne soit pas le plan de mise en marché le plus sophistiqué, vendre un peu chaque mois et viser un bon prix moyen est néanmoins un plan sûr ! Alors pourquoi, même à ces prix, tant d'agriculteurs hésitent-ils à vendre ? Les raisons qu'on me donne sont nombreuses :

« Les prix des fertilisants sont élevés, les prix des grains devraient augmenter. » Attention ! Il y a bien une certaine corrélation entre les 2 prix, mais pas toujours autant que nous le souhaiterions.

« Je n'ai plus besoin d'argent en 2022, je vais attendre pour vendre. » Il pourrait toutefois y avoir de belles occasions à saisir maintenant ! Pourquoi ne pas vendre d'avance certains volumes pour 2023 ?

« Les prix pourraient encore monter, je pense que je vais attendre. » S'ils peuvent monter, ils peuvent également redescendre... vendre petit à petit vous permettra d'avoir encore du volume à vendre si les prix montent, sans tout risquer.

J’ai toujours pensé que faire de l’argent en étant agriculteur était comme jouer au poker… Le croupier brasse les cartes, qui représentent toutes les incertitudes : les caprices de mère nature, le prix des intrants, une guerre en Ukraine, et malgré tout, certains continuent de jouer "ALL IN" ! Atténuez vos risques en ce qui concerne la mise en marché de vos grains : gardez quelques atouts dans vos manches !

 


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