Les changements climatiques affectent tous les secteurs d’activité et l’agriculture y est particulièrement vulnérable. Les risques sont élevés que la santé et la productivité de nos sols et de nos cultures soient affectées par des événements climatiques extrêmes.
La bonne nouvelle, c’est que les agriculteurs et les transformateurs agroalimentaires peuvent agir. Même que l’agriculture a en poche un atout unique. Comme les autres secteurs d’activités économiques, elle peut diminuer ses émissions de gaz à effet de serre (GES), les polluants derrière les changements climatiques. Mais, avec la foresterie, elle est l’un des seuls secteurs capable de retirer de l’atmosphère un GES très courant — le dioxyde de carbone (CO2) — et de le séquestrer de façon permanente dans les sols.
Cet avantage important apporte aux producteurs et productrices agricoles une grande opportunité d’affaires : la possibilité de participer aux marchés du carbone, qui se développent de plus en plus, grâce à la réduction des émissions de GES et à la séquestration du carbone dans les sols.
Produire des tonnes de réductions de CO2é
Les réductions et séquestrations de GES se calculent en tonne métrique d’équivalent CO2 (CO2é). Les agriculteurs possèdent plusieurs leviers pour produire des tonnes de CO2é : miser davantage sur la santé et la conservation de leurs sols, utiliser et valoriser au maximum le carbone du lisier et du fumier sur leur ferme, améliorer la santé et la productivité de leurs animaux, favoriser la rotation des cultures, semer des cultures de couverture ou des engrais verts… Les gestes qui soutiennent la lutte contre les changements climatiques sont nombreux et ils s’adaptent à tous les types d’exploitation.
Leur point en commun : ils contribuent à retourner au sol de grandes quantités de matière organique et, donc, à y augmenter la séquestration permanente du carbone. Pour vous donner une idée, augmenter de seulement 1 % le taux de matière organique dans un hectare, dans les 30 premiers cm de sol, correspond au retrait de 100 à 150 tonnes métriques de CO2é de l’atmosphère ! C’est énorme. C'est équivalent aux émissions causées par la combustion d’environ 100 000 litres d’essence.
Produire des tonnes de réductions de CO2é : une opportunité d’affaires
Les pratiques qui visent à améliorer la santé des sols et des animaux sont donc cohérentes avec la réduction des émissions de GES ainsi qu’avec l’augmentation des stocks de matière organique du sol. Mais les fermes qui les mettent en place peuvent s’assurer d’en profiter pleinement en comptabilisant leurs efforts de réduction et de séquestration selon une méthodologie approuvée afin de les valoriser sur les marchés du carbone.
Les agriculteurs et les agricultrices ont intérêt à réfléchir le plus tôt possible à leurs pratiques et à ne pas traîner pour comptabiliser leurs efforts. Dans un contexte où la valeur d’une tonne de CO2é réduite ou séquestrée ne cesse d’augmenter, ils et elles peuvent d’ores et déjà prévoir leurs investissements à long terme.
Les marchés du carbone en agriculture
Les mécanismes pour valoriser les réductions d’émissions de GES peuvent être divisés en deux grandes catégories. L’insetting regroupe des initiatives de réduction de GES valorisées à l’intérieur d’une même chaîne d’approvisionnement. L’offsetting correspond à la vente de crédits carbone, ou crédits compensatoires, sur les différents marchés du carbone.
Insetting : valoriser des réductions dans les produits de la chaîne agroalimentaire
L’insetting, ou compensation intégrée, vise à intervenir dans la chaîne d’approvisionnement (dont les fermes) pour réduire l’empreinte carbone des produits alimentaires. Dans ce cas, les réductions générées à la ferme sont réparties dans l’ensemble de la chaîne agroalimentaire et tous les acteurs en profitent, de l’agriculteur au consommateur. Le premier est rémunéré pour ses réductions tandis que les deuxièmes peuvent poser un geste concret en achetant des produits écoresponsables.
Cette manière de valoriser les réductions générées par les agriculteurs est en voie de devenir la plus intéressante. D’abord, elle permet de conserver dans la chaîne agroalimentaire la richesse générée par la valeur des réductions. Ensuite, elle envoie le signal aux citoyens et aux consommateurs que l’agriculture contribue de façon importante à la lutte contre les changements climatiques.
Offsetting : vendre des crédits compensatoires
Dans l’offsetting, l’agriculteur vend ses réductions d’émissions en tant que crédits compensatoires à des entreprises à travers le marché du carbone. Certaines d’entre elles (cimenteries, pétrolières, gazières, etc.) sont assujetties à une taxe ou un plafonnement réglementé de leurs émissions de GES. Pour les aider à réduire leurs émissions, les gouvernements leur permettent de comptabiliser des crédits compensatoires achetés aux agriculteurs. Puisque la taxe carbone au Canada atteindra 170 $/tonne en 2030, il est attendu que tout crédit carbone offert à moindre coût trouvera preneur.
D’autres entreprises, non assujetties à la taxe carbone, peuvent aussi acheter des crédits carbone afin de compenser volontairement leurs émissions de GES qu’elles n’arrivent pas encore à éviter. C’est le cas de Microsoft ou d’Amazon, par exemple. Dans ce scénario, les réductions réalisées à la ferme ne sont plus comptabilisées dans le bilan du produit final, et ne contribuent pas à réduire les émissions de la chaîne agroalimentaire.
Il est de notre avis que, pour traverser la crise climatique et prospérer, les fermes et les transformateurs ont intérêt à investir conjointement dans la transition climatique et attribuer la performance climatique à leurs produits agricoles plutôt que de la transférer à des produits tiers.
Mise en œuvre
Logiag et ses partenaires offrent aux agriculteurs et agricultrices l’ensemble des services permettant de mettre en œuvre leur transition climatique, rapidement et à grande échelle. Les transformateurs agroalimentaires participent eux aussi déjà à cet effort. Concrètement, nous sommes en mesure d’évaluer les réductions des GES à la ferme et les stocks de carbone organique dans les sols. En collaboration avec des agronomes et des conseillers et conseillères sur le terrain, nous aidons aussi les agriculteurs et les agricultrices à implanter les meilleures pratiques en optimisant le coût de chaque tonne de CO2é, en fonction de leurs objectifs.
Le plus important est que nous avons maintenant un plan de match clair pour que les réductions générées par les entreprises agricoles soient reconnues et valorisées. Tout est en place pour amorcer la transition climatique de l’agriculture du Québec. Si vous avez envie d'y prendre part, discutez-en avec votre conseiller Agrocentre !