Le puceron du soya (Aphis glycines) est un insecte originaire d’Asie. Les premiers spécimens détectés en Amérique du Nord ont été observés au Wisconsin, à la fin de l’été 2000. Dès la fin de l’été 2001, ils avaient envahi tout le nord-est des États-Unis, l’Ontario et le Québec. En août 2001, les pucerons auraient même causé l'interruption d'un match de baseball au Skydome de Toronto, parce qu'ils étaient partout dans l'air !
Comme plusieurs types de pucerons, son cycle de vie est assez compliqué. Premièrement, le puceron du soya requiert une plante hôte, le nerprun (Rhamnus cathartica), sur laquelle il passe l’hiver au stade d'œuf. Au printemps, les femelles ailées migrent vers le soya. Durant la saison estivale, ces femelles se reproduisent par parthénogénèse, ce qui veut dire qu’il n’y a aucune reproduction sexuée car il n’y a aucun mâle. Les femelles donnent naissance à des femelles génétiquement identiques (des clones), déjà porteuses de bébés pucerons. Le potentiel de reproduction est donc très élevé et une femelle peut engendrer de 45 à 60 individus (tous des femelles) qui peuvent à leur tour produire une autre génération en moins de 3 jours. En conséquence, les populations augmentent de façon exponentielle et le nombre de pucerons peut doubler à chaque 1.5 jour lorsque les conditions sont favorables à leur développement.
Lors d’infestations hâtives, le puceron du soya peut affecter de façon marquée le développement de la culture. À l’aide de ses pièces buccales de type « piqueur-suceur », il pique les feuilles et les tiges et absorbe la sève, ce qui peut causer une réduction de la vigueur, un retard de croissance, l’enroulement des feuilles, une baisse marquée du nombre de gousses et de grains par gousse, et ultimement réduire le rendement. Bien que des pertes de rendement de plus de 40% ont été répertoriées, les dommages causent plus fréquemment des pertes de l'ordre de 10-15%. Il est important de se rappeler que les dommages peuvent être exacerbés par d’autres stress indirects (sécheresse, production de fumagine sur les feuilles réduisant la photosynthèse, transmission de virus, etc.)
Les populations de pucerons varient durant la saison de croissance, d’un champ à l’autre et d’une année à l’autre. Il est donc important de dépister les champs de soya sur une base régulière afin de bien suivre l’évolution des populations, car il est impossible de prévoir la sévérité des infestations. Priorisez les champs semés hâtivement, les champs avec un sol de texture plus grossière et ceux dont la teneur en potassium est faible, car ils sont plus à risque en début de saison. Le seuil d’alerte pour le puceron du soya utilisé au Québec est de 250 pucerons par plant à partir du stade R1 (début floraison) jusqu’au stade R5 (premières graines). Il est bien important de vérifier un minimum de 20 plants répartis au hasard dans le champ et de bien évaluer le nombre de pucerons sur le plant entier. Attention, une seule feuille peut contenir plusieurs centaines d’individus (voir image). Fait à noter que si vous retrouvez des pucerons sur les tiges, celles-ci étant une source d’alimentation de qualité inférieure comparativement aux feuilles, c'est un indicateur que les populations dépassent 400 individus/plant, donc bien au-dessus du seuil d’alerte.
Avant d’envisager un traitement insecticide, notez la présence de prédateurs comme la coccinelle, les guêpes parasitoïdes et les champignons entomopathogènes. Leur abondance et leur diversité contribuent à réprimer naturellement le puceron. Il faut aussi prendre en considération le coût du traitement ainsi que la valeur de la récolte. Les prix élevés du soya ainsi que les nouveaux traitements insecticides sélectifs (sécuritaires sur les insectes bénéfiques) comme Sefina et Movento, facilitent parfois la prise de décision. N’hésitez surtout pas à contacter votre représentant Agrocentre pour des conseils et informations supplémentaires.
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